Poésies- textes choisis – Florilège 1

Poésies- textes choisis – Florilège 1

Un article sans images! des mots seulement…..de la poésie

J’ai envie ici de vous faire partager mes coups de cœurs poétiques, les envolés de mots qui vous portent,  résonnent, vous font du bien.

Parfois les mots s’emballent, cela devient drôle ou grave!

J’ai réuni ici quelques textes de poètes illustres , méconnus ou amateurs de poésie.

Difficile de choisir, l’éclectisme est mon crédo – la grande mixité une richesse qui multiplie les possibles.

Cet article est le résultat de ma première sélection de textes- il en manque tant que d’autres articles suivront.

Cela va de Paul Eluard, Jacques Prévert, Andrée Chedid à des slameurs actuels, en passant par des poètes de la Société des Poètes Français et des textes d’enfants.

Voilà 21 textes  choisis tous très différents. Ils ont en commun une certaine fougue et  un regard particulier sur la vie et notre monde.

J’espère que vous les aimerez.

Dites moi!

Je serais ravie de lire les textes, poèmes, chanson, slam que vous auriez aimé trouver ici. Envoyez les moi… Ce sera pour le florilège 2….

Merci!

Liberté de Paul Eluard

Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.

Poésie et vérité 1942 (recueil clandestin)
Au rendez-vous allemand (1945, Les Editions de Minuit)

Ce que nous sommes de Andrée Chedid

Tu es radeau dans l’éclaircie
Tu es silence dans les villes
Tu es debout
Tu gravites
Tu es rapt d’infini
Mais tel que je suis
que j’écris que je tremble
Je te sais parfois
refroidi de toi-même
quand les fables et le sel t’ont quitté!
Je te sais
Tantôt mutilé
Tantôt espace
Tantôt épave
Ou illumination
Je te sais
disloqué par les parcelles du monde
Mais je te sais
De face
Dans la forge de ton feu.

Rebelle par Andrée Chedid

Je me révolte
Contre moi-même
Je suis en fronde
En jacquerie

Je m’insurge
Contre la vie
Je résiste
Et me rebelle
Je brandis
Mes étendards

Je rejette
Ce monde
Voué à mort
Et vieillesse

J’approuve
Nos temps étoilés
Ces temps lumineux
Où nos regards étincellent

Ces temps offerts
Entre un miracle
Et l’autre

Ces temps d’amour
Et de partage
Où l’on bondit
D’île en île
Bravant la nuit.

A une femme par Victor Hugo

 Enfant ! si j’étais roi, je donnerais l’empire,
Et mon char, et mon sceptre, et mon peuple à genoux
Et ma couronne d’or, et mes bains de porphyre,
Et mes flottes, à qui la mer ne peut suffire,
Pour un regard de vous !

Si j’étais Dieu, la terre et l’air avec les ondes,
Les anges, les démons courbés devant ma loi,
Et le profond chaos aux entrailles fécondes,
L’éternité, l’espace, et les cieux, et les mondes,
Pour un baiser de toi !

 En sortant de l’école par Jacques Prévert

En chanson par Yves Montant

 

En sortant de l’école
nous avons rencontré
un grand chemin de fer
qui nous a emmenés
tout autour de la terre
dans un wagon doré.
Tout autour de la terre
nous avons rencontré
la mer qui se promenait
avec tous ses coquillages
ses îles parfumées
et puis ses beaux naufrages
et ses saumons fumés.
Au-dessus de la mer
nous avons rencontré
la lune et les étoiles
sur un bateau à voiles
partant pour le Japon
et les trois mousquetaires des cinq doigts de la main
tournant la manivelle d’un petit sous-marin
plongeant au fond des mers
pour chercher des oursins.
Revenant sur la terre
nous avons rencontré
sur la voie de chemin de fer
une maison qui fuyait
fuyait tout autour de la terre
fuyait tout autour de la mer
fuyait devant l’hiver
qui voulait l’attraper.
Mais nous sur notre chemin de fer
on s’est mis à rouler
rouler derrière l’hiver
et on l’a écrasé
et la maison s’est arrêtée
et le printemps nous a salués.
C’était lui le garde-barrière
et il nous a bien remerciés
et toutes les fleurs de toute la terre
soudain se sont mises à pousser
pousser à tort et à travers
sur la voie de chemin de fer
qui ne voulait plus avancer
de peur de les abîmer.
Alors on est revenu à pied
à pied tout autour de la terre
à pied tout autour de la mer
tout autour du soleil
de la lune et des étoiles
A pied à cheval en voiture et en bateau à voiles.

Requiem pour un pays assassiné par Barnabé Laye

Je vous parle d’un pays réel
D’un pays pluriel avec ces multitudes
Ces ethnies comme des nations éternelles
Ses collines ses mornes ses forêts
Comme un mystère
Comme un au-delà
à portée du regard
Comme un au-delà
à portée du rêve

Sous ce doigt de silence par Michel Bénard

Sous ce doigt de silence
Qui contemple les anges,
Le livre de la mer est ouvert.
Sur l’autel de pierre calcaire,
Le charme est étrange
Aux sources de l’indéfinissable,
Les empreintes du palimpseste
Deviennent à jamais muettes.
Dans la voix des couleurs
Brûlent des lueurs d’exil,
Les carnets du mystère rêvent
Sur d’insolites et érotiques enluminures.
Les mots se métamorphosent,
Se juxtaposent sur la nacre
De vos lisses rives,
Des mots d’espoir et d’amour
S’échappent de vos lèvres.
Sous ce doigt de silence
Que contemple les anges,
Le livre de l’univers reste ouvert.

 Le poète dans les Etoiles par Marie-Claire Melchior

Dans une rêverie, un soir de clair de lune, J’ai demandé tout bas, à l’astre de la nuit,
 Ce que serait demain le monde d’aujourd’hui
Qui ne sait pas encore aimer sans haine aucune.
Peut-être est-ce Pierrot, peut-être quelques fées,
 Une voie née ailleurs .. mais on m’a répondu:
 » il ne faut pas pleurer un paradis perdu Comme un bonheur fané, dérisoire trophée.
 Si tu savais le beau, l’admirable prodige Qu’est la planète bleue accrochée en ton ciel,
Tu chercherais plutôt dans un émoi réel,
 Qui donc a pu créer l’œuvre jusqu’au vertige ?
Il est tant de hauts faits, tant de pauvres histoires!
Un enfant battu pleure, un enfant choyé rit;
Un frêle esquif vendu prend la mer et périt …
Survivre s’apparente aux plus noble victoires. »
 Je m’imagine alors cosmonaute poète
 Je contemple d’en haut l’ici-bas à conter Et saurai découvrir les raisons d’exister.
D’Espoir et de Beauté, je me ferai prophète.

La cible de Jean Moraisin

Cahin-caha, mes mots cahotent dans ma tête.
Couci-couça, ma rime explose de douleur
Pendant que les marchands déballent le malheur.
Bruit de culasse, argent…la Mort est à la fête!

Dans le tohu-bohu, je la sens qui s’apprête
À voler mon regard. Le ciel à sa couleur. Demain viendra le pain … mais, dans le haut-parleur,
D’un cri, la peur me dit que plus rien ne l’arrête.

Je dois courir, plus vite, oublier que pleurer
Ne me sauvera pas. J’apprends à me terrer
Sous le béton détruit… de ma petite école.

Dans le chaos, mon coeur écoute des tambours.
Fermant les yeux, je vois l’oiseau blanc qui s’envole.
J’égraine mon enfance en un compte à rebours.

Un jour viendra par Isabelle Gayet

Un jour viendra
Mon cœur
Sera trop plein, vraiment.

Pleins d’émotions étranges,
Plein d’amours incontrôlées,
Prêt à se rompre.
Alors, je le sais,
Il ralentira sa course folle,
Ses rires d’oiseau,
Frôlera le silence
Avant de gagner grande pénombre.

Ni tristesse;
Ni gémissements,
Mais grande paix de l’à Dieu;

L’infini m’aura saisie
Toutes craintes envolées.
Je m’endormirai,
Ravie,
Au pays des ombres
Où mon amour immense
Volera sa place.

Bêtes de somme par Henry Paul Pandaure

Arrachés au jardin de Lucie, projetés dans cet isocèle périple,
depuis l’ultime porte, sur le bleu outre mer, embarqués, les compagnons d’infortune
tapissaient l’obscure et chancelante antichambre de Charon.

De cette fosse moite où l’air était âcre
jaillirent les cris et derniers soupirs
ponctués par le son métallique des maillons captifs.

Indignés les clapotis se turent,
laissant les flots engloutir encore et encore
les malchanceux passés à trépas.

Et dans cette cacophonie babylonienne, comme un métronome,
le maître du chanvre rythmait la cadence tranchante du fouet,
fendant les chairs déjà endolories.

De cette interminable traversée,
ces morts vivants débarqués sur le ponton maudit de ces éphémères îles paradisiaques
rencontraient ainsi les trois redoutables; la faim, la peur et l’incessante douleur

A l’abris des regards par Sylvie Beyssen

À l’abri des regards,
Dans le secret des coeurs,
Poussent les émotions.
Choisi bien leur engrais
Et elles deviendront
Plutôt que des poignards,
Les tous petits bonheurs
De chaque instant passé.

Mille mondes par Iso Bastier

Passée ma coquille de verre
Je ressens cette Terre ronde.
On me reçoit, on m’insère
Dans plein de petits mondes…

Mon corps de papier froissé
Vibre des couleurs de la vie.
Il danse pour ne pas angoisser
Avec celui qui croise son envie.

Mon esprit cherche l’équilibre
Mon âme est une bohémienne
Ma pensée lutte pour être libre
Ma main se tend vers la tienne

Mon cœur est tout un poème
Ma foi est une vaste aventure
Au loin mon habit se promène
Dévoilant ma véritable nature

Passés l’écorce et le fil de fer,
Les soleils blancs, les lunes blondes,
De rencontres en transferts
Je visite mille petits mondes.

Mille corps, mille âmes, mille esprits…
Une part de moi en plus petit.
Mille cœurs, mille corps, mille mains…
Mille mondes possibles pour demain.

Le verbe avoir par Daniel Maximin

Le verbe Avoir
n’a pas d’avenir
passé décomposé
imparfait possessif

le verbe Faire
est sans passé
futur simple
au présent donné

et le verbe Être
bien conjugué
c’est l’avenir
à faire passer

Poèmes d’enfants

Les poèmes cités sont issus du livre anthologie poétique » Les Petites Plumes Caudaciennes « aux éditions les Poètes Français.

Afrique par Élise Vinhas 6e /5e

J’ai vu des robes marron, noires, tachetérobe marron, noir, tachetées et zébrées.
Qui se mêlaient dans une danse de survie entêtée.
J’ai entendu les pas lourds des éléphants se déhanchant dans la savane.
J’ai senti la chaleur en filigrane.
Dans mes rêves d’ailleurs mon cœur bat au rythme des tambours.
Mon esprit s’évapore et scrute les alentours.
Je respire les parfums de la terre rouge et de l’air brûlant.
Mon corps s’éveille et rompt le  vendredi.
Afrique aux milles couleurs, aux milles senteurs, au milles airs.
Aux oiseaux qui s’élèvent, aux fauves qui rugissent et aux girafes qui s’élancent,
Mon chant s’inspire de ta liberté et de ta cadence.
Mon cœur palpite et envoie pour toi des prières.

Le Sahara par Mélissa Morlet-Devred 6èm/5èm

Sable doux et chaud,
Perché sur les dunes,
Sable fin et brillant,
Reposant au soleil.
Grain de sable si puissant,
Parcourant des kilomètres.
Sahara infini,
Qui porte les caravanes.
Sahara majestueux,
Qui endort le soleil,
Et berce les étoiles.

Charlie Hebdo par Marie Levesque 3e B

Ils ont dessiné des caricatures
Tu as répondu par la torture
Ils utilisaient des crayons
Tu as lancé des boulets de canon
Ils s’appelaient Charlie
Tu t’es senti trahi
Tu as sorti tes fusils
Ils ont été insolents
Tu as été violent
Ils avaient la liberté d’expression
Tu as commis une mauvaise action
Ils sont tous dans nos vies
Tu vas tomber dans l’oubli
Nous sommes tous unis
Vous, vous êtes tous maudits
Et moi, je suis …..Charlie

 

Un peu de slam et de chanson

Les Hautes Lumières par Fauve

Clip

Après la nuit,
Avant le jour,
Et à travers les roselières
Après la nuit,
Avant le jour,
J’irais chercher, les hautes lumières.
Aux innocents les mains pleines,
J’t’emmène lancer des médailles dans l’eau bleue des fontaines
Et cueillir à nouveau ces visions qu’on s’offrait autrefois,
Comme des couronnes.
Ces visions qu’on s’échangeait pour se dire, pour se rappeler,
Je suis veilleur, tu es musée.
Je veux sentir les feuilles de menthe craquer sous nos dents
Avec la chlorophylle qui s’échappe.
Et t’faire écouter le son de carillons qu’fait le claquement des drisses de pavillon
Contre les mâts, avec en fond le grand fracas de la mer qui rapporte,
Et au dessus la procession de cargo des nuages bas et blancs.
Je voudrais te faire rencontrer les femmes cyprines et les bolqueens
Qu’elles nous habillent de robes et de diadèmes au croisement d’Amsterdam,
Et d’la 80ème pendant que moi je te mettrais au poignet des bracelets de tissu
Qui deviendront des bracelets de fleurs, puis des rubans, puis des violons.
Je porte le blason d’mon clan,
J’l’ai désormais gravé sur la face visible de mon cœur,
Mais ça ne fait pas mal rassure toi au contraire,
J’ai fait broder nos souvenirs étincelant sur des manteaux de nuit
Qu’mon offert des frères tisserands drapiers de canut
J’ai à la main mes aussières, je suis prêt.
Après la nuit,
Avant le jour,
Et à travers les roselières
Après la nuit,
Avant le jour,
Je t’offrirai les hautes lumières.
Aux innocents les mains pleines je t’emmène plonger dans la Seine
Et nager dans les courants fort de Beauchamp,
Nager dans les rivières, remonter les ruisseaux,
Puis prendre un bain brûlant, où je laverais ta peau
Au lait d’ânesse, avant de sécher ton corps moi même
Comme avant, quand on était adolescent.
Je veux faire l’amour dans les champs, dans les clairières, dans les taxis,
Je veux faire l’amour partout, même sur les toits de Paris.
Je veux résider au creux de ton cou, et dans tes draps parfumés aux lilas,
Tandis qu’une madré enveloppé d’un châle rouge bénit nos fronts
En silence avec des croix de baume au camphre.
Je te montrerai comment décrocher les boules blanches des symphorines
Pour les éclater sous nos pieds et entre nos doigts,
Avant d’aller regarder la lumière d’un lampadaire qui rougeoie
Et qui vacille sur les berges du fleuve endormi,
Dont les risées de vent emplissent la surface.
Je veux offrir cette cigarette à ma mère,
Cette cigarette d’après la guerre et son odeur vanillé,
Je t’emmène voir le granit rose de ses îles qu’on ne peut pas déplacer
Mais c’est pour nous protéger,
Je t’emmène tout rejouer, peut être tout perdre,
Mais peut être aussi tout rafler, tout braquer, tout gagner
Après la nuit,
Avant le jour,
Et à travers les roselières
Après la nuit,
Avant le jour,
Je t’offrirai les hautes lumières.
Aux innocents les mains pleines je t’emmène voir
Taulet, Cavour, Sienne et Navone,
Toucher la faïence des rues de Lisbonne,
Et le marbre blanc, lisse et brillant des palais.
Je veux entendre les Salam des chauffeurs,
Et qui nous crie, les enfants je vous emmène à Orléans si ça vous plait.
Je veux t’offrir le tintement des couverts d’argent contre le cristal
Et les mots précieux des miens.
Je veux écouter les histoires des anciens encore et encore,
Ces histoires millénaires qui renaissent,
On s’est connu y a trois mille ans, on se retrouve maintenant,
Et nos enfants feront de même.
Je t’emmène loin des griffes de la colère, loin des regrets, loin des nausées,
Je t’emmène loin de la barbarie et des odeurs de kérosène brûlé,
Je t’emmène courir après des filles, après des garçons, après des rêves,
Et contempler les vivants, ces gens qu’on croise parfois
Et qui nous font tomber amoureux pour deux, pour trois.
On doit encore parcourir la terre,
On doit trouver cent mille sœurs et cent mille frères,
Pour plus jamais être seul dans les cimetières,
Alors sur la colline du Palatin, par dessus les dômes byzantins
Bientôt nous serons postés, nous armerons nos flèches de diamants,
Pour devenir sagitaires et décrocher, les hautes lumières
Après la nuit,
Avant le jour,
Et à travers les roselières
Après la nuit,
Avant le jour,
Je t’offrirai les hautes lumières.
Après la nuit,
Avant le jour,
Et à travers les roselières
Après la nuit,
Avant le jour,
Je t’offrirai les hautes lumières.

Gibraltar par Abd Al Malik

Clip

Sur le détroit de Gibraltar, y a un jeune noir qui pleure un rêve qui prendra vie, une fois passé Gibraltar.
Sur le détroit de Gibraltar, y a un jeune noir qui se d’mande si l’histoire le retiendra comme celui qui portait le nom de cette montagne.
Sur le détroit de Gibraltar, y a un jeune noir qui meurt sa vie bête de « gangsta rappeur » mais …
Sur le détroit de Gibraltar, y a un jeune homme qui va naître, qui va être celui qu’les tours empêchaient d’être.
Sur le détroit de Gibraltar, y a un jeune noir qui boit, dans ce bar où les espoirs se bousculent, une simple canette de Fanta.
Il cherche comme un chien sans collier le foyer qu’il n’a en fait jamais eu, et se dit que p’t-être, bientôt, il ne cherchera plus.
Et ça rit autour de lui, et ça pleure au fond de lui.
Faut rien dire et tout est dit, et soudain … soudain il s’ fait derviche tourneur,
Il danse sur le bar, il danse, il n’a plus peur, enfin il hurle comme un fakir, de la vie devient disciple.
Sur le détroit de Gibraltar y’a un jeune noir qui prend vie, qui chante, dit enfin « je t’aime » à cette vie.
Puis les autres le sentent, le suivent, ils veulent être or puisqu’ils sont cuivre.
Comme ce soleil qui danse, ils veulent se gorger d’étoiles, et déchirer à leur tour cette peur qui les voile.
Sur le détroit de Gibraltar, y’a un jeune noir qui n’est plus esclave, qui crie comme les braves, même la mort n’est plus entrave.
Il appelle au courage celles et ceux qui n’ont plus confiance, il dit : « ramons tous à la même cadence ! « .
Dans le bar, y a un pianiste et le piano est sur les genoux, le jeune noir tape des mains, hurle comme un fou.
Fallait qu’elle sorte cette haine sourde qui le tenait en laisse, qui le démontait pièce par pièce.
Sur le détroit de Gibraltar, y a un jeune noir qui enfin voit la lune le pointer du doigt et le soleil le prendre dans ses bras.
Maintenant il pleure de joie, souffle et se rasseoit.
Désormais l’Amour seul, sur lui a des droits.
Sur le détroit de Gibraltar, un jeune noir prend ses valises, sort du piano bar et change ses quelques devises,
Encore gros d’ émotion il regarde derrière lui et embarque sur le bateau.
Il n’est pas réellement tard, le soleil est encore haut.
Du détroit de Gibraltar, un jeune noir vogue, vogue vers le Maroc tout proche.
Vogue vers ce Maroc qui fera de lui un homme …
Sur le détroit de Gibraltar …  sur le détroit de Gibraltar …
Vogue, vogue vers le merveilleux royaume du Maroc,
Sur le détroit de Gibraltar, vogue, vogue vers le merveilleux royaume du Maroc …

SOS d’un SMS en détresse Par Fred de Mai

Né sans intérêt,
D’un pouce baladeur
Et du clavier tapageur,
D’un mobile à clapet.
Je suis un mode d’expression,
Un mode de pression,
De façon répétée,
Sur des touches usées.Ne me cherchez pas sur Mentor,
Ou même aux abords,
Je n’ai rien d’officiel,
Plutôt superficiel.
Pour l’éducation nationale,
Je suis une déformation anormale,
Une compression de mot,
Que l’on nomme texto.Tantôt virus,
Cheval de Troie invictus,
J’infecte le quatrain,
Je bafoue l’alexandrin,
Et ampute son pied,
En un texte abrégé,
Sorte d’ergot,
Comme de l’argot.Tantôt rictus,
Deux points sur parenthèse ou plus,
Mélange de symboles
Que l’on prononce LOL.
Je suis sibyllin,
Pour les puritains,
D’un français littéraire,
Issu d’un autre millénaire.Plus remue ménage
Que remue méninges,
Je m’écris en phonétique
Façon tecktonik.
Avec moi, pas de galère,
Je zappe la grammaire.
Et de l’orthographe,
Je suis l’épitaphe.Pour certain aberration,
Pour d’autre évolution,
Je suis la variante,
D’une langue vivante,
Résidu de langue maternelle,
Réduite à l’essentiel.
J’escagasse le Français,
Jusqu’à l’abstrait.Je sais que j’exagère,
Sur texto ou messenger,
Que je ne respecte rien,
Au grand dam des académiciens.
Pourtant je rêve de mots,
Qui vont crescendo,
Jusqu’à l’extase,
Pour enfin devenir phrase.Je suis un SMS,
Fait de mots en détresse,
Jetés sur un écran,
Pour les rendre plus scintillants.
Moyen de communication,
Des nouvelles générations,
Pour qui encre et papier,
Font partie du passé.

Sonotone par MC Solaar –

Clip

J’ai des rides et des poches sous les yeux
Les cheveux poivre et sel et l’arthrose m’en veut
À chaque check-up ça n’va pas mieux
J’ai la carte vermeil et la retraite, j’suis vieux
Les blouses blanches analysent ma pisse
Testent ma prostate, me parlent d’hospice
Les gosses dans le bus me cèdent leur place
Ah, ah, et quand j’me casse
Ils parlent en verlan style « tema l’ieuv »
Si les mots sont pioches c’est ma tombe qu’ils creusent
Mais je dois rester droit malgré mon dos
Ma scoliose et c’salaud de lumbago
J’étais une sommité, la qualité
J’ai bien travaillé, j’étais respecté
De juvénile, à pré-retraite
Je n’ai pas profité, ma vie j’ai raté

Maintenant quoi ? Tu veux que je fasse du jogging ?
Rattraper les années avec du bodybuilding ?
Mettre de l’anti-rides à la graisse porcine ?

 

Passe clean avec peeling et lifting
Ça sonne faux, je veux le feu, la forme
Déformer le monde monotone et morne
Comme chaque printemps me pousse vers l’automne
Vers le sonotone, j’perds le sonotone

J’perds le sonotone (x16)

J’suis prêt à appeler les forces des ténèbres
Dévertébrer le verbe de toutes mes lèvres
Pour devenir celui qui gambadait dans l’herbe
J’lève la main gauche et déclare avec verve
Être prêt, pour la face ou l’envers
Pacte avec Dieu ou pacte avec l’enfer
J’veux … l’élixir, la luxure
Le luxe d’être permanent comme le clan Klux Klux

Toi,
Viens à moi
Tu deviendras
Explosif comme l’Etna
Agenouille-toi
Et regarde vers le bas

 

(Agenouille-toi et regarde vers le bas)
Vers le sonotone, j’perds le sonotone

J’perds le sonotone (x16)

Qu’est-ce qui s’passe ? J’me sens revivre
De vieux papillon je passe à chrysalide
J’étais impotent, maintenant ma peau s’tend
Comme à 20 ans, j’ai avalé le printemps
Jeune, fun, j’brille comme un gun neuf
J’ai du sang neuf, je veux mille meufs
Plus mille potes de Bangkok à Elbeuf
Le tout si possible arrosé de mille teufs
Car tout est vicié, cercle vicieux
Là-bas la vessie, ici la calvitie
À toi merci, j’ai les preuves de ton oeuvre
La jeunesse éternelle pour réécrire mon oeuvre
Résurrection, retour de l’érection
De l’action quand avant c’était fiction
Retour de la libido, des nuits brèves
Des alibis bidon pour réécrire le rêve

Elle
Belle ..
Citadelle assiégée
Par une armée rebelle
Moi
En émoi …
Escaladant la pierre
Pour finir dans ses bras

J’peux l’faire, j’ai le feu, la forme
Transform’ mon monde monotone et morne
Avaler le printemps, recracher l’automne
Parce que rien n’se perd et tout se transforme

Parce que rien n’se perd et tout se transforme
Vers le sonotone

J’perds le sonotone (x16)

(J’aurais voulu te dire …)
J’aurais voulu te dire que je m’en vais
(J’aurais voulu te dire que je m’en vais, que je m’en vais …)
J’aurais voulu te dire que je m’en vais

 

Merci d’être arrivé jusqu’ici…

La suite dans un florilège 2….à venir

A bientôt,

Chrismali

 

 

 

 

2 réflexions au sujet de « Poésies- textes choisis – Florilège 1 »

  1. Bonjour,
    Il est toujours une joie pour le modeste poète de constater qu’il a atteint le but premier de la Poésie en faisant partager ses émotions ! Très touché par la présence de l’un de mes poèmes dans cette sélection !

    Jean MORAISIN

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